4 mai 1846 : Naissance à Nancy d'Emile Gallé, fils de Charles Gallé (1818-1902), négociant en porcelaine et cristaux et de Fanny Reinemer (1825-1891). Ce prénom d’Emile fut choisi en référence à J.J. Rousseau et à son livre « L’Emile ou de l’éducation » où le philosophe défendait l’intérêt d’une éducation libre et répondant aux lois naturelles. C’est ce type d’éducation que reçut Emile Gallé.
Scolarité : Très brillant dans les matières littéraires. Ne brille ni en dessin ni dans les matières scientifiques.
1855 : Charles Gallé emmène Emile à la seconde exposition universelle à Paris. Il éveille également l’intérêt d’Emile pour la botanique au cours de longues promenades.
3 juin 1864 : Première trace d’un dépôt de signature pour les faïences Gallé au tribunal de commerce de Nancy.
1865 : Emile Gallé obtient brillamment le baccalauréat au lycée impérial de Nancy. Il commence à préparer le concours d’entrée de L’Ecole Normale supérieure .Il part étudier à Weimar.
1866 : Charles Gallé reçoit le titre de « fournisseur de la Maison de l’empereur » pour ses élégants services de verres. Son entreprise est située à Meisenthal.
Emile, alors à Weimar, reçoit des cours de danse, de piano mais aussi une initiation à la minéralogie et à la chimie.
Fin 1966 : Charles Gallé, épuisé, demande à Emile de poursuivre son œuvre.
1867 : Emile Gallé prend la tête de la création artistique de l’entreprise de son père. Il reçoit une mention honorable pour la verrerie à l’exposition universelle de Paris.
Sa signature est alors en caractères manuscrits, peintes à l’émail et apposées sous le pied des pièces : le plus souvent écrite : Gallé Nancy ou Gallé à Nancy. Elle est celle de Charles Gallé, le propriétaire de la manufacture.
19 Juillet 1870 : Déclaration de Guerre entre la France et la Prusse. Emile Gallé se rend à Tours pour intégrer le 23eme régiment d’infanterie.
Novembre 1870 : Emile Gallé est nommé caporal. Il devient le secrétaire du commandant du 23ème régiment d’infanterie.
En pleine guerre, des anglais se rendent à Nancy pour acheter ses faïences. Le nom d’Emile Gallé a déjà passé les frontières.
Nancy voit sa population doubler, en raison du choix imposé aux lorrains : à savoir rester allemands ou venir en France. L’industrie est en pleine expansion.
1871 : Emile Gallé demande à Victor Prouvé de lui dessiner un décor pour des assiettes. C’est le début du mouvement de « l’école de Nancy », qui adoptera une philosophie très progressiste. Les sciences sont la solution au progrès et à la vie.
Emile Gallé ajoute parfois à sa signature des mentions telles que « d’après X »
1872 : Emile Gallé obtient une médaille d’or dans la classe 33 (porcelaine et cristaux) de l’exposition internationale de Lyon.
04 avril 1875 : Emile Gallé épouse Henriette Grimm en l'Église réformée de Bischwiller (Bas-Rhin). Ils auront quatre filles : Thérèse en 1877, Lucile en 1879, Claude en 1884 et Geneviève en 1885.
1877 : Reprise de l’entreprise familiale de céramique et de verrerie par Émile Gallé. Charles Gallé garde le contrôle des finances.
Création de la Société centrale d’horticulture de Nancy, Emile Gallé en devient le secrétaire général, puis plus tard le vice-président.
Emile Gallé prend l’habitude de signer ses créations E. ou Emile avant Gallé accompagné par une croix de Lorraine entre le E et le G. Sa signature est déposée au tribunal de commerce de Nancy et il distingue désormais très clairement sa production de celle de son père. Pour aller plus vite, la signature est souvent apposée à l’encre noire.
1878 : Première participation d’Émile Gallé à l’Exposition Universelle. Il reçoit la médaille de bronze.
Emile Gallé dépose au conseil des prud’hommes de Nancy certains de ses modèles de décors pour verre et faïence. La mention déposé ou modèle déposé est alors apposé à sa signature.
1879 : Ouverture d’un dépôt Gallé à Paris.
28 juin 1879 : Premier dépôt de marque pour la céramique au Conseil des Prud'hommes de Nancy. Les pièces sont reconnaissables grâce à la croix de Lorraine entre les initiales E. et G.
1884 : Construction de la première usine Gallé. Emile Gallé adjoint à la production de la céramique et de la verrerie celle de l'ébénisterie, avec à son centre un atelier où il conçoit ses projets sous forme de croquis et de dessins.
Emile Gallé veut diversifier sa production pour augmenter son chiffre d’affaires. Cela amène à un mélange des genres : chefs d’œuvres au milieu d’une production en série.
C’est l’année où Emile Gallé innove : il introduit des oxydes métalliques, qui colorent le verre dans la masse.
1884 VIIIème exposition de l’Union centrale des arts décoratifs. Emile Gallé reçoit 2 médailles, notamment pour son emprunt aux orchidacées pour la création de trois fameuses céramiques.
Emile Gallé fait pour la première fois mention de verrerie parlante en utilisant des motifs de décoration à des légendes et poètes français.
1885 : Emile Gallé est fait chevalier de la Légion d'honneur grâce à sa brillante participation à la VIIème exposition de l’Union Centrale des arts décoratifs. 1887 : Emile Gallé souhaite créer à Nancy, une société pour la protection des plantes sauvages.
L’usine d’Emile Gallé dispose alors d’un atelier de faïence avec un four et des décorateurs.
1889 : Emile Gallé confie à un journaliste que s’il avait eu plus de facilités en mathématiques il serait sûrement devenu professeur de botanique.
Emile Gallé reçoit la croix d’officier de la légion d’honneur pour sa participation à l’exposition universelle de Paris où il reçut le grand prix de verrerie
Création du département ébénisterie de l’entreprise Gallé.
1880 : Emile Gallé signe désormais sous la pièce mais en ajoutant un décor gravé à la roue à la signature également gravée, même si toujours en caractères manuscrits.
1893 : Achat de 12 hectares supplémentaires pour organiser la production de la verrerie de manière indépendante. Meisenthal se trouve depuis 1871 en territoire allemand.
1894 : Emile Gallé quitte Meisenthal.
Gallé inaugure un nouveau four à quatre ports à Nancy, pour la verrerie à chaud et dispose de 10 places de verriers.
Emile Gallé embauche les frères Muller dans ce qui est devenu « Emile Gallé verrier » qui regroupe dans un établissement neuf à Nancy toutes les activités, dont une nouvelle : l’édition.
L’entreprise compte alors 70 salariés.
1897 : Les frères Muller quitte Nancy en emportant des secrets de fabrication de Gallé pour les offrir à la verrerie de Croismare.
1889 : Exposition Universelle, grand prix pour la verrerie.
C’est à cette époque qu’Emile Gallé commence à laisser volontairement les traces des instruments de polissage dur verre sur ses œuvres. Gallé se sert désormais des irrégularités comme partie intégrante de son travail. Il débute timidement la gravure à l’aide d’acide fluorhydrique.
Emile Gallé collabore à la réalisation d’une table nommé « Rhin » avec Victor Prouvé et Louis Hestaud, remarquable par ses marqueteries de bois divers sur un plateau en noyer.
Début de l’amitié d’Emile Gallé avec le comte de Montesquiou-Fezensac qui marque son entrée dans les couches supérieures de la société parisienne.
1891 : Le salon Annuel de la Société des beaux-Arts ouvre ses portes aux fabricants d’art.
1894 : Création de la Cristallerie de Nancy : les trois fabrications sont réunies à la Garenne.
Début de l'affaire Dreyfus ; dreyfusard convaincu, Emile Gallé exprimera ses sentiments dans ses écrits comme dans ses œuvres. L’exposition du vase « Les hommes noirs » qu’il coréalise avec Victor Prouvé lui vaut une accusation d’espionnage pour l’empire Allemand durant une période où l’armée française se voulait intouchable. Dès lors, les nancéens se méfieront d’Emile Gallé.
La signature d’Emile Gallé apparaît désormais sur le corps de l’œuvre, elle devient l’équivalent d’une signature de maître sur un tableau. Il enlève aussi son prénom, il n’a plus besoin de se distinguer de son père en raison de sa notoriété accrue. Chaque signature est unique, car elle doit de s’intégrer parfaitement à l’œuvre.
L’acide fluorhydrique est alors largement utilisé pour la gravure des pièces courantes, il représente un gain de temps considérable.
Emile Gallé expose des pièces de ce qui deviendra « l’école de Nancy » au salon Annuel de la Société des beaux-Arts
1895 : Participations à la revue belge La libre esthétique.
Embauche de cinq souffleurs de verre supplémentaires dont : Julien Roiseux, le plus célèbre d’entre eux.
Nancy devient un centre de développement et commence à participer grandement à l’expansion de « l’art nouveau » qui se caractérise par sa volonté de modernité et son rapport à l’industrie.
1897 : Emile Gallé invente la technique de la marqueterie sur verre. C’est à cette époque qu’il ressent les premiers effets du surmenage, d’autant que la préparation de l’exposition universelle de 1900 lui apporte un surcroît important de travail.
Ouverture d’un dépôt à Francfort.
1898 Emile Gallé dépose deux brevets d’inventions pour la marqueterie de verre et pour la décoration et la patine sur verre.
Darmstadt lui consacre désormais une salle d’exposition.
Emile Gallé est un membre fondateur et trésorier de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de Nancy.
1899 : Emile Gallé refuse le titre de vice-président du groupe XII afin de pouvoir concourir à l’exposition universelle de 1900. (Groupe XII est chargé du domaine de la « Décoration et mobilier des édifices publics et des habitations »).
Création du bureau « la Forêt lorraine » en chêne lacustre où sont insérés des vers issus de poèmes des « fleurs du mal » de Baudelaire. Ce bureau sera présenté à l’exposition universelle de 1900.
Emile Gallé fonde l’Université Populaire de Nancy. Il dédie de nombreuses verreries parlantes à la cause du capitaine Dreyfus.
1900 : Les lampes Gallé et Daum reçoivent le Grand Prix de l’exposition universelle. Le verre est travaillé à chaud, en superposant des couches de verres de différentes couleur.
Emile Gallé est nommé Commandeur de la Légion d’honneur pour l’obtention de deux grands prix à l’Exposition Universelle.
Paris devient le lieu privilégié de la diffusion de la marque Gallé.
Création du vase « le Figuier ou le Graal » avec des larmes de verre évoquant les larmes du Christ, par extension les larmes des hommes victimes d’injustice, une flagrante allusion à l’affaire Dreyfus.
Les dépenses engendrées par l’exposition universelle ne sont pas amorties par les ventes, l’entreprise Gallé est au bord du gouffre. Emile Gallé connait alors une période de fatigue et de surmenage intenses. Emile Gallé refuse de renvoyer une équipe menée par un de ses souffleurs de verre. Il est soucieux du bien-être de ses collaborateurs.
L’entreprise comprend 200 personnes.
1901 Création de l’école de Nancy, ou Alliance provinciale des industries d’art. Emile Gallé en est le président. Le but étant de mutualiser certaines initiatives des industriels provinciaux pour favoriser leur expansion et le rayonnement de l’esthétique naturaliste.
Fatigué et miné par les soucis d’argent, Gallé envisage de vendre son affaire, mais il n’accordera sa confiance à aucuns des repreneurs potentiels. Il continuera, fortement secondé par son épouse.
Emile Gallé n’utilise pratiquement plus d’encre pour signer ses vases mais presque exclusivement l’acide ou la gravure au trait simple ou double.
1902 : Création de la célèbre lampe « les coprins » (Nom d’un champignon) qui est réalisée en verre et fer forgé.
1903 : Ouverture d’un dépôt Gallé à Londres
Publication d’un manifeste professionnel et esthétique en préface du catalogue de l’Exposition Lorraine au pavillon Marsan à Paris.
Juillet 1904 : La fatigue permanente d’Emile Gallé trouve son origine dans le diagnostic d’une maladie : il est atteint de leucémie.
23 septembre 1904 : Emile Gallé meurt de leucémie à 6 heures du matin. Henriette Gallé assure la direction des affaires.
A la suite, son épouse décide de n’appliquer qu’une seul signature de l’artiste sur les produits, une Gallé stéréotypé, gravé à l’acide et précédé d’une étoile. Seule sa couleur changera en fonction des décors. Ella apparait exclusivement sur le corps des vases.
1918 : Décès d’Henriette Gallé-Grimm. Paul Perdrizet prend la tête de l’entreprise Gallé. La marque apposée est modifiée pour se distinguer de la période précédente. Elle est visible sur le corps de la pièce et est caractérisée par un epsilon surmonté d’un accent aigu, et dont le trait issu souligna la signature.
1936 : Cessation d’activité pour la verrerie Gallé suite à une banalisation de la production à grande échelle et un manque de renouvellement artistique.
1964 : Inauguration du musée de l’Ecole de Nancy
1978 : Découverte à Nancy, d’une production artisanale de faux Emile Gallé.
1985 : Découverte de faux Emile Gallé sur le marché en provenance de Roumanie.
1999 : Année consacrée année de l’Ecole de Nancy.
Aujourd’hui : Les œuvres d’Emile Gallé peuvent se négocier à prix d’or, surtout celles produites lors de son vivant.